Je rentre à Paris dans le brouillard J'ai renoncé à poursuivre mes études de médecine dont le niveau m'est par trop inaccessible. Je ne retiens pas la suggestion de bifurquer vers la kiné qui ne me dit rien.
Rien ne me dit rien d'ailleurs. Nous avons évoqué une orientation de paysagiste, une autre de cuisinier. Je n'ose me laisser aller à mon penchant naturel qui eut-été alors de faire les beaux arts. Cela me semble à la fois trop "facile" et je ne me sens pas par ailleurs "talentueux".
Je m'inscris à l'Ipesup pour préparer Sciences Po. Je m'en désinscris dans les huit jours ! Craignant trop de dilapider illégitimement un budget de scolarité hors de proportion avec les efforts que je me sens capable de produire pour ne pas atteindre in fine le niveau indispensable...
Par défaut je m'inscris aux Langues O. Dans une langue improbable. Nous sommes six en cours. c'est l'occassion de repartir à zéro.
Je trouve un trvail dans une société de libre service de gros "Echo", dans le 13ème. Manutentionnaire, 14 heures de travail par jour, je deviens carriste par necessité. Je bosse jour et nuit et j'entends le cliquet de chaque heures supplementaire qui tinte bientôt dans mon porte monnaie. Le 7 décembre, alors que je charge l'ultime carton de plaque de chocolat sur un linéaire de 20 metre de long et près de 3 de haut. celui-ci, soudain, ploie sous la charge. Se tord, explose. Je n'ai que 2 metres de recul...Chargés de deux tonnes de produits, les étagères et montants métalliques se disloquent, et s'abattent sur moi. Genoux à terre je sais que ma vie, alors, va s'arreter là. Et ben non ! Silence. J'ouvre les yeux. J'ai supporté le mitraillage des paquets et la tole, déchirée en deux, git de part et d'autre de moi. Seule ma chemise, coupé tout le long du dos par un "rasoir" témoigne que cela est passé à un cheveu. Je découvre que je ne suis pas déclaré. Je quitte ce boulot dans l'heure qui suit.
Antonio Chiappano dit Nino, m'embauche trois semaines comme précepteur de son fils Guido. Nous partons ensemble quelques jours à Berlin Est pour l'accompagner dans une mission. Ce trvail est un vrai cadeau.
Nous nous installoons provisoirement, Olivier et moi, chez Alix, passage du Chantier (12°), avant de trouver notre appartement définitif en octobre, rue Pétion (11°).
Les 20 et 21 novembre je me rends au congrès d'Amnesty Intenational à Dijon.
Le 19 décembre Jérome et Muriel arrivent de Montévidéo.
Les 22 et 23 nous descendons tous à La Courcelle
...
En janvier 77 je constate que, déjà, je décroche par rapport à mes petits camarades plus motivé. Se présente à moi une offre d'emploi à plein temps.
En février, je franchis le rubicond. Je cesse définitivement mes études.
...
Premier soir de ce premier jour de travail. Pour la première fois de ma vie, il me semble ressentir une liberté jamais éprouvée jusqu'alors.
Nul n'attends rien de moi. Ma journée faite, parfaitement faite, je n'ai rien d'autre à faire que de ne rien faire si je ne veux rien faire ou faire ce que je veux si par extraordinaire j'avais enfin, grace à cet état, envie de faire quelque chose.
Tout ce sentiment de culbabilité qui alourdissait mes épaules depuis tant d'années s'effondre à mes pieds. Je me sens léger.
J'ai vingt ans. Je suis seul. Je suis bien. J'ai ma chambre. Mon travail. Ma paye. Mon droit. Ma liberté. Mon bien-être.
Pour quelques jours encore...
1976 - Octobre - Ultimes sursauts
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2 commentaires:
Est-ce pour désapprendre la nostalgie, être un spéléologue de la mémoire à la recherche d'une pépite perdue qui surgirait des plis d'un ailleurs, d'un autrement que tu as peut être effleuré un temps puis laisser s'échapper ?
Lequel des deux va trouver ce trésor ? Toi ou cet autre toi qui te regardes vivre en ayant ce sentiment de ne jamais partager vraiment ?
Et pourtant tu te démènes (ou débat ?) bigrement.
Pourquoi ai-je cette image en tête, en te lisant, d'une grande comédienne (Danielle Darrieux) me semble t'il, qui déménage souvent avec le fol espoir de ne jamais mourir dans sa dernière demeure ?
Bizarre, vous avez dit bizarre ?
Je me souvient d'un après midi fantastique au Palais de la Decouverte et puis, l'aprés midi, chez une copine à toi qui avait preparé un gateaux merveilleux,
belles ambiance. Les long transfers dans le metro, toi avec ton long cartable que tu gardait sur un coté.tu avait les cheveux assez long, les belles lectures, les musées. A Berlin la personne qui nous accompagnait, certainement un fonctionnaire de la STASI, prenait toujours des notes sur un petit carnet pour en suite répondre à nos questions le lendemain. je me souvient que 2 jours avant de partir je demandait de voir le mur, créant un embarras général. finalement le dernier jour nous voila dans un taxi de l'autre coté pour voir l'objet de la honte.
j'avais 12 ans et je me souvient de toi très clairement.une des rare personne qui m'ai laissez un très beau souvenir.
3 semaines seulements..j'aurai pas dit
Papa est decedé le 20 janviers dernier. quelque fois durant ces annés il nous est arrivé de parler du passé et dans l'ensemble, de toi aussi. il à toujours gardé un très bon souvenir.
j'éspère que tu à eut une vie riche d'interet passionnée et satisfaisante. Je te suis réconnaissant de ces 3 semaines precieuses que je garde dans mes souvenir d'une facon speciale. Guido
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