1971 - avril - CNTE à Butaré

Je suis resté au Rwanda d'avril 71 à juillet 72

Arrivé en avril, j'ai très vaguement fait mon troisième trimestre de 4ème par le CNTE. Je suis passé en 3ème par dérogation. Je me suis installé dans le confort des cours par correspondance. Piège fatal à ceux qui n'en acceptent pas la nécessaire méthode. Aucun devoir ne peut bien évidement interpeller l'élève sans une information clairement et préalablement exprimée dans la leçon ou sur un problème précisément developpé dans les exercices corrigés. Je commençais donc par la fin. Je prenais les devoirs à faire, je recherchais comme dans un jeu de piste les seuls paragraphes ou exemples nécessaires à la résolution demandée. Je faisais du copier-coller bien avant l'heure. Je n'apprenais rien. Je n'avais pas même besoin de comprendre pour faire. Pourvu que je respecte le timing du renvoi des devoirs et que ceux-ci reviennent avec des notes supérieures à la moyenne. Je n'avais guère de pression. J'arrivais malgré tout à me mettre en retard. A bâcler mes exercices. A récolter quelques avertissements et mauvaise note. Mais je suis passé bien evidemment en seconde. Sans rien savoir. Et en ayant totalement désappris à travailler. Si tant est que je ne l'avais jamais su.

De Butaré, je garde beaucoup plus le souvenir des quelques rencontres éparses possibles. nous n'étions pas nombreux de la même génération. Le Rwanda, malgré les tensions qui déjà y couvaient, nous était, pour nous, si agréable à vivre.

Dominique Sauvé dont je fus éperdument amoureux. Nous nous sommes quittés en juin 1972, elle rentrait en France. Je quittait définitivement le Rwanda peu après. Elle y revint. Nous nous sommes écrit avec une grande densité. Revus entre deux voyages, avec un desespoir insensé. Sans cesse à la poursuite d'un amour mal partagé qui jamais ne pu se rencontrer. Cette tragédie m'a accompagné tout au long de mes années lycées, et à induit l'ensemble de mes rapports amoureux d'alors. Toujours en quête d'une affection qui pourrait se substituer à cette quête, jamais vécu sans l'ombre de celle-ci. Il m'a fallu attendre 1976 pour pouvoir commencer à en faire le deuil.

Benoit Salien, belge. Et son vélomoteur que je jalousais ! C'est grâce à lui d’ailleurs que j’ai pu aller passer mon permis moto au commissariat.

Jean Larouche, canadien. Employé à l'université.

Anouar Bashir, pakistanais. Dont les parents tenait un des principaux commerces.

Nous formions une bande bien hétéroclite et j’ai du mal à me souvenir comment nous organisions nos loisirs, nous qui travaillions chacun dans notre coin.

La faculté voisine avec sa bibliothèque et son laboratoire de chimie où je m’invitais pour toute sorte d’expérimentation était bien plus attirante que mes cours. Je crois que c'est là où travaillait Jean de Dieu Ngirabatware. Il devait être laborantin. Je n'ai plus jamais eu aucune nouvelle
Sur mon répertoire de l’époque, il y a aussi les coordonnées de Caroline Bussière et Ann De Senay. Mais ma mémoire à leur égard me fait défaut. Et internet, silence. Seuls les courriers de Do qui suivirent son retour suggèrre quelques hypothèses précises dont je n'ai pourtant aucun souvenir. Ni de courrier de leur part. Me fait défaut aussi la mémoire des autres experts de l’IPN dont les enfants n’avaient pas notre âge.

Mon frère Jérôme, a conservé des contacts avec Richard Bois. Ils étaient de la même génération et nos pères sont toujours restés contacts.

Il y a avait une experte en géographie que j’avais assisté pour dessiner ses cartes d’un livre sur le Rwanda.

Une autre, Roumaine, qui m'offrit le livret poème de Guéo Milev, "Septembre".

J'avais aussi monté un réseau de transmission, genre radio libre avant l’heure, avec une portée de 500 mètres...

Et du Rwanda, je garde bien évidemment le mois que je passais à soigner les lépreux à travers le pays et dans une léproserie. Ce "médecin aux pieds nuds" que j'ai accompagné, pére blanc défroqué, endurci par plusieurs années en prison en Chine, à forger en moi mon souhait d'être médecin. Et j'ai oublié son nom. Ingratitude de ma mémoire.

Je me souviens aussi de l'exploration du Nyamulagira en éruption sur les flancs du Niaragongo. Nous observions la coulée depuis la route de Goma. Et nous partîmes dans la foulée toute fraiche de Tazief. Et de l'escalade du Rwenzori dans des conditions innénarables... Mais que je raconterais !

Toutes ces histoires d'une richesse inouie deviendront à mon retour en France un handicap social. Trop hors normes, au mieux passais-je plus tard comme "different", au pire comme affabulateur.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

anwar bashir est mon oncle il vit tj a butaré si vous souhaitez prendre contact avec lui vous pouvez me le faire savoir slim4life@hotmail.com